La Saga Punisher

Au début du mois de décembre 2008, le film Punisher War Zone est sorti dans les salles américaines. Il s’agit du troisième long métrage consacré à ce personnage de comics qui vit le jour dans les pages du mensuel Amazing Spider-Man en 1974. Troisième film certes, mais en aucun cas troisième chapitre. Car contrairement à Spider-Man ou au X-Men sur grand écran qui s’inscrivent, pour le moment, dans le cadre d’une trilogie, cette version du Punisher n’est pas la suite des deux films qui l’ont précédé, films qui eux-mêmes ne se suivaient pas (ça va, tout le monde suit ?). A croire qu’aucune version n’était jugée satisfaisante pour qu’on redéfinisse le personnage à chaque version. Et il est vrai que chaque film nous laisse sur notre faim quand il ne déçoit pas dans son intégralité, les fans espérant un Frank Castle aussi radical que chez Steven Grant ou Garth Ennis (scénaristes de renoms qui ont œuvré de belle manière sur le titre en bandes dessinées) et qui se retrouvent avec un avatar jamais convaincant. Alors, ce nouveau Punisher allait-il être d’une autre trempe ou continuer dans la lignée des adaptations de comics qu’il vaut mieux oublier. C’est ce que nous allons voir plus loin. 


Première apparition du punisher dans Amazing Spiderman


Dans les comic books, Frank Castle est un ancien béret vert s’étant illustré au Vietnam. Rendu à la vie civile et profitant d’un pique-nique en famille à Central Park, Castle et sa famille sont pris sous les tirs croisés de deux bandes rivales venues régler leurs comptes. Seul survivant du carnage, Castle décide d’entreprendre une croisade contre le crime sous toutes ses formes. Un point de départ simple et limpide, déclencheur d’un futur carnage. Personnage de seconde zone lors de ses premières apparitions papier, sa cote de popularité grimpe et le personnage obtient son propre magazine, multipliant même les titres (Punisher, Punisher War Journal ou encore Punisher War Zone) et les apparitions dans d’autres revues publiées chez Marvel Comics Group.
Le passage au cinéma semble donc aller de soit d’autant plus que les difficultés inhérentes à tous les autres films adaptés de personnages de comics (les effets spéciaux essentiellement ou la crédibilité des costumes parfois très chatoyants) paraissent ici mineures tant il s’agit de réaliser un vigilante movie dans la lignée des Death Wish chers à Charles Bronson, le côté survitaminé en plus. Mais bon, les choses ne sont pas si simples et on va constater une fois de plus que sans un minimum de respect envers l’œuvre d’origine, on ne peut pas réaliser une bonne adaptation.

Le Punisher (1989) : 
Les hostilités cinématographiques débutent donc en 1989 à une période durant laquelle on ne fait pas encore grand cas des licences Marvel qui se traînent toujours, et à raison, une sale réputation au vu des divers résultats (que je ne vous rappellerai pas ici, il vous suffit de surfer sur le site Comic Screen pour voir quelques jolies perles Marvel des années 60 à la fin des 90’s). Le Punisher sur grand écran n’est pas envisagé dans le cadre d’un gros budget et c’est une série B qui ouvre le bal. Rien de mal à cela. Après tout il vaut mieux un petit budget bien fichu qu’un blockbuster indigeste. Le film est réalisé par Mark GoldBlatt (Flic ou Zombie) et interprété par Dolph Lundgren (le géant blond révélé par Rocky IV et cantonné depuis au marché du direct-to-video). Ce n’est pas vraiment ce qu’on peut qualifier d’une distribution de rêve mais bon, le buzz de l’époque, qui ne bénéficiait pas d’Internet, mettait suffisamment l’eau à la bouche (notamment via des magazines ciné comme le défunt et regretté Starfix) pour qu’on ait envie de voir le film.
L’histoire débute alors qu’un mafieux notoire vient d’être relaxé par la justice et qui ne manque pas de fanfaronner devant les caméras de télévision. Ce même média qui rappelle au passage que depuis plusieurs années sévit un personnage qui décime les rangs de la pègre : le Punisher. Mythe ou réalité ? Le truand passé au travers des mailles de la justice ne tarde pas à avoir la réponse puisque ses hommes et lui, de retour au bercail, sont méthodiquement abattus par un homme agissant dans l’ombre. Seul signature : une dague à tête de mort laissée sur un cadavre. Côté police, on s’interroge sur l’identité du Punisher et notamment un officier qui pense que son ancien co-équipier, Frank Castle, n’est pas étranger à l’affaire. Quelques années plus tôt, Castle a vu sa famille périr dans l’explosion de leur voiture et passe lui-même pour mort. Alors que l’enquête sur le Punisher ne progresse pas d’un iota, Gianni Franco, patron du crime reconnu est de retour en ville avec une idée en tête : réunir les familles en une seule afin de cesser les guerres de gangs. Des nouveaux venus dans la partie, Yakuzas de leur état, ne l’entendent pas de cette oreille et décident d’être actionnaires majoritaires dans le business du crime. Mais le Punisher est sur le point d’arbitrer la partie de la plus impitoyable des manières.
Série B décomplexée, le film, loin du chef d’œuvre, se regarde sans déplaisir si l’on fait abstraction de nombres de défauts. En tout cas il n’est pas avare de scènes d’action même si celles-ci sont loin d’être toutes efficaces et souffrent parfois d’un manque évident de moyens. Cependant, certaines sont pour le moins convaincantes (l’infiltration du Punisher dans la scène d’introduction, la fusillade sur le port ou l’attaque finale dans le repère des Yakuzas) pour que le spectateur ne se sente pas floué. Et même si côté gunfights on n’est évidemment pas chez John Woo, l’ensemble est suffisamment plaisant et rythmé pour qu’on ne s’y ennuie pas. A noter toutefois une ou deux scènes risibles comme celle ou le Punisher, nu dans les égouts débite des monologues sur le sort des innocents et des coupables à se rouler par terre de ringardise. Scène qui sera d’ailleurs reprise à l’identique plus loin dans le récit. 
En fait le gros problème du film vient en partie du choix de l’acteur principal. Physiquement, Dolph Lundgren a pourtant la carrure pour enfiler les bottes du Punisher. La carrure certes, mais pas le charisme. Prendre un acteur blond pour interpréter un personnage brun ne poserait pas de problème si le maquillage n’était à ce point évident. Teinture brune bon marché sur les cheveux et les sourcils, le tout rehaussé par une fausse barbe de 3 jours faite au crayon qui ne parvient pas à masquer le glabre du sieur Lundgren n’aident pas à crédibiliser le personnage. Le pire dans tout ça reste quand même son jeu d’acteur complètement inexistant, se contentant d’un regard vide et d’un débit de paroles monocorde. La scène la plus éloquente à ce propos reste celle du dialogue en cellule entre Castle et son ex-partenaire interprété par Louis Gosset Jr. qui lui, assure le minimum syndical pour rendre sa colère crédible alors qu’en face le Dolph semble refuser de jouer correctement ne serait-ce que quelques minutes. On en vient à se demander si la colère de Gosset Jr. est due à son personnage en rogne contre Frank Castle ou si l’acteur s’énerve contre le non-jeu de son partenaire. Cependant, quand il évite les répliques sans conviction, que son visage n’est pas éclairé en pleine lumière et qu’il se bat, à mains nues ou avec les armes qui lui tombent sous la main, on en oublierait presque qu’il n’est pas l’homme de la situation.

Mais au bout du compte, quid de la fidélité aux comics me direz-vous ? Eh bien, elle n’a certainement pas été le principal souci de l’équipe du film. Le passé d’ancien combattant du Vietnam du héros est passé à l’as. Il faut dire qu’au début des années 90, le Viet Vet ne fait plus forcément recette (les states ayant pansé leurs plaies d’un point de vue cinématographique). Cela dit, ce ne sont pas les conflits qui manquent pour lui créer un passé de soldat qui aurait rendu plus crédibles ses techniques de combat éprouvées. Mais non, Franck Castle est flic, un point c’est tout. Le massacre de la famille Castle est ici montré en flashback et s’avère bien différent de celui de la bande dessinée. La femme et les enfants de Frank Castle périssent dans une explosion planifiée par le milieu. Le hasard de la mort de sa famille (au mauvais endroit au mauvais moment dans les comics) n’en est plus un ici ce qui atténue quelque peu le sentiment d’injustice éprouvé.
Côté look, exit le fameux costume et place à une tenue tendance biker, très cuir, qui à l’époque en jetait quand même un peu sur l’affiche mais c’est tout. La tête de mort ornant la poitrine du Punishera disparu et on ne la retrouvera que sur les poignards qu’il distribue avec générosité. Ce manque de décorum est un brin gênant et nous fait parfois oublier que le personnage adapté est le Punisher de Marvel Comics et non pas un justicier vengeur parmi tant d’autres.
 Au final, Le Punisher version 1989 est un petit film plutôt sympa qui ne restera certainement pas dans les meilleures adaptations de comics Marvel mais comme on a connu bien pire, il n’est pas honteux de lui conserver toute notre indulgence. 

Le Punisher (2004) :
Alors que les licences Marvel depuis l’adaptation de Blade sur grand écran, ont le vent en poupe (voir les succès de X-Men ou Spider-Man), le cas du Punisher est à nouveau considéré. Bien que cette version semble plus friquée que la précédente, on reste quand même loin de la superproduction et on se prend à rêver d’un meilleur résultat avec plus d’argent en jeu mais il est quand même permis d’en douter (car si l’argent ne fait pas forcément le bonheur, il ne fait pas non plus obligatoirement de meilleurs films même si ça peut aider dans les deux cas) au vu du traitement appliqué par le réalisateur Jonathan Hensleigh et le scénariste associé au projet.
 Ancien membre de la Delta Force, Frank Castle est maintenant membre du FBI. Alors qu’il a décidé de prendre sa retraite pour passer du bon temps avec sa femme et son fils, il effectue une dernière mission sous couverture pour le compte du bureau pour démanteler un trafic d’arme. L’affaire se conclue au bénéfice des forces de l’ordre mais côté méchants, certains ont morflé. Parmi eux, Bobby le fils cadet d’un mafieux local connu sous le nom de Howard Saint, grand blanchisseur d’argent sale. Ce dernier parvient à mettre un nom sur le responsable selon lui de la mort de son fils : un certain Frank Castle, donc. Et Howard Saint d’entreprendre le massacre en règle de la famille Castle au grand complet. Frank survit miraculeusement à la tuerie et décide de punir les coupables. 
Raconté comme ça, on se dit que ça va charcler. Et là, forcément, on risque d’être déçu. Et pas seulement par la mollesse ambiante de l’action mais également par les choix scénaristiques plus ou moins idiots. Alors que Castle réapparait miraculeusement soigné par un guérisseur local et qu’il revient pleurer sur les lieux du drame, il décide de venger sa famille. Première action du justicier éploré : il investit un immeuble d’Howard Saint et jette littéralement l’argent par les fenêtres pour montrer à quel point il n’est pas là pour plaisanter. Bof ! Le reste est du même tonneau. Au lieu de passer de suite en mode guerre et foncer dans le tas pour dessouder du malfrat, Castle se la joue Monsieur Phelps de Mission Impossible en manipulant son petit monde. Et c’est ainsi qu’il monte des truands cubains contre le blanchisseur Howard Saint, et Howard Saint contre sa femme et son homme de main. Et quand on voit la logistique mise en place (fausse bouche d’incendie pour garder une place de parking, stationnement illégal pour faire écoper la femme du méchant d’un PV, photos compromettantes et chantage) on se demande si les scénaristes n’ont pas été formés à l’école de La caméra invisible ou de Surprise sur prise. Et quand ça commence à bouger c’est à la limite du risible. Saint envoie deux tueurs aux trousses de Castle. Un mariachi échappé de Desperado et un Russe élevé aux hormones de croissance. Directement inspiré de l’histoire de Garth Ennis et Steve Dillon dans les comics, l’affrontement contre le Russe, grand moment d’humour noir dans la bande dessinée, tourne ici au burlesque en manque d’inspiration qui confine au ratage total. Puisant sa source dans le story-arc Welcome back Frank !, le Punisher trouve ici refuge dans un immeuble où il sympathisera avec trois de ses occupants. Mais une fois de plus, le film ne parvient pas à trouver le ton de la BDet toutes les scènes de cohabitation avec le voisinage provoquent l’indifférence et le désintérêt quant à ce qu’il peut arriver en ces lieux. Frank Castle est quant à lui affligé d’un problème de boisson inutile et qui plus est, anecdotique et jamais vraiment exploité. S’il s’agissait juste de lui faire tenir une bouteille pour l’ambiance, ça n’en valait peut-être pas la peine.


Donc, pendant la quasi-totalité du film, rien de bien croustillant à se mettre sous la dent. Et puis, à 10 minutes de la fin, les responsables du film se souviennent qu’ils réalisent le Punisher et non pasNavarro et du coup le personnage se réveille et dézingue du truand dans la joie et l’allégresse. Flèches, poignard, explosifs et gros calibres, tout y passe. Les méchants s’éteignent et le Punishers’éveille. Un peu tard cependant. Trop tard ? Le monologue final annonce une suite qui ne devra pas faire dans la demi-mesure. En fait, elle ne se fera pas du tout malgré un succès des ventes en Dvd. Tant mieux ? On ne le saura jamais mais si la même équipe était partante, l’affirmative est de rigueur.
 Si le film ne convainc vraiment jamais, le casting est à l’avenant avec un Thomas Jane (pourtant excellent dans « The mist ») qu’on ne peut s’empêcher de trouver sympa même quand il fronce les sourcils pour paraître impitoyable ou un John Travolta qui cabotine à qui mieux mieux et qui se fend d’un bon mot quand il le peut pour montrer qu’il est « bad » mais « cool » quand même (voir quand son fils lui demande « Où est Maman ? » et qu’il lui répond « Elle est partie. Elle a pris le train » alors qu’il vient de balancer sa femme sur les rails au moment du passage d’un express). Au final, le méchant est presque mis plus en avant que le héros. Le syndrome de la star « bankable » sans doute.
 Quant à la fidélité à la bande dessinée elle est une fois de plus mise à mal. Le film commet la même erreur que son prédécesseur en faisant de Frank Castle une victime désignée. C’est lui et sa famille qui sont les cibles et non plus les malheureuses victimes du hasard ce qui renforcerait le sentiment d’injustice qui anime le personnage. Si comme Charles Aznavour,  on peut penser que « la misère est plus supportable au soleil », le massacre de la famille Castle sous les sunlights de Tampa a du mal à nous arracher un sursaut d’émotion ou d’horreur. Pourtant tout le monde y passe, Howard Saint s’appliquant à effacer l’arbre généalogique du futur justicier, pulvérisant sans distinction les cousins par alliance et les amis de passage. On est loin de la mort malheureuse de la famille Castle au beau milieu de Central Park et du cadre urbain qui imprègne la bande dessinée. En fin de métrage, lePunisher arbore enfin une tête de mort peinte sur son gilet pare-balles histoire de nous rappeler de quelle adaptation il s’agit. Mais là encore, l’impression de réveil tardif se fait sentir.
 Et ce n’est pas la version longue sortie en mars dernier qui sauve les meubles. Allongée de plus de 20 minutes, le film développe des ellipses qui auraient mieux fait de rester en l’état. On apprend ainsi comment Frank Castle s’est fait balancer par son coéquipier et finalement on s’en fout. On pourra dire ce qu’on veut du film de Daredevil mais sa version director’s cut avait au moins le mérite de présenter un film différent en bien des aspects. Ici, le film est simplement plus long mais pas plus intéressant. Dommage, on s’était pris à espérer.
 Punisher War Zone (2008) :
Le Punisher troisième du nom allait-il relever le niveau des deux précédents opus ou définitivement enterrer la possibilité d’une franchise ? En un sens, il parvient à faire les deux mais cela relève d’une grande injustice. En effet, sorti aux USA au début du mois de décembre, le film ne rencontre pas son public qui préfère sans doute en cette période de fin d’année, s’orienter vers des spectacles plus familiaux et il est permis de penser qu’une sortie estivale aurait rencontré plus de succès. Plantage public, le film sort en Angleterre en février 2009 et à l’heure actuelle, aucune sortie pour la Francen’est prévue. On espère en tout cas une sortie Dvd qui permettrait peut-être de remettre les pendules à l’heure. Et comme je vous le disais plus haut, tout ceci est injuste et ce n’est pas lePunisher qui vous dirait le contraire. En effet, cette troisième version cinématographique du vigilante de Marvel est sans conteste la meilleure, la plus inspirée et de loin la plus respectueuse.
 L’histoire débute lors d’un repas de famille en l’honneur d’un parrain local. Le Punisher, qui opère depuis cinq ans dans l’ombre interrompt le dîner et met littéralement les pieds dans le plat pour s’offrir du mafieux truffé aux plombs chauds. Un certain Billy Russoti parvient à s’échapper. Castle le traque jusqu’à une usine servant de couverture à la pègre. Durant l’affrontement, le Punisherbalance Russoti dans un broyeur à verres et abat le reste du gang. Mais ce que Frank Castle ignore, c’est qu’il compte parmi ses victimes, un flic sous couverture qui laisse derrière lui femme et enfant. Il ne pense alors plus qu’à raccrocher en tentant toutefois de se racheter auprès de la famille en deuil. Mais Russoti n’est pas mort. Défiguré, il prend le pseudonyme de Jigsaw et se décide à asseoir sa toute nouvelle réputation. Un de ses premiers objectifs : exterminer la famille du flic sous couverture. Le Punisher, ayant eu vent de ses projets ne peut décemment pas mettre son arsenal au rebut.
 Quitte à me répéter, nous sommes ici non seulement en présence de la meilleure adaptation cinématographique du Punisher mais également d’un bon « vigilante movie » comme on n’en avait pas vu depuis des lustres.
Dès le générique, le ton est donné. Découpé nerveusement et alternant les flashs télévisés et lePunisher en train de s’équiper lourdement, il annonce la suite des hostilités. Le héros entre en action dès les premières minutes et ça fait mal. On ne pourra s’empêcher de noter une certaine similitude dans l’introduction avec la version Dolph Lundgren (infos télévisées et massacre des truands à domicile) mais il n’y a pas photo en ce qui concerne la forme. Punisher War Zone ne fait pas dans la dentelle. Et c’est tant mieux. Non pas que le fan du personnage (j’en suis) soit forcément assoiffé de sang mais quand il s’agit de Frank Castle on s’attend quand même à un minimum de dégâts. Et pour y en avoir, il y en a. Les têtes explosent et les vertèbres se brisent, le tout à l’aide d’un arsenal des plus variés allant du simple coup de poing dévastateur au lance-roquettes pour malfrat en voltige. On comprendra aisément que le film n’est pas conseillé à un jeune public voire à un public sensible mais adapter le Punisher au plus proche nécessitait un traitement public « averti ». Le personnage évolue en tout cas dans un cadre qui lui est propre, urbain et sombre, sans jamais renier son origine comics traduite ici par le choix de certains éclairages récurrents qui donne un aspect particulier au métrage. Si le film ne faiblit que très rarement en rythme et ménage de jolies scènes d’action on pourra toutefois émettre quelques petites réserves qui n’entachent toutefois pas la qualité générale. Quelques éléments du scénario qui ne sont pas ou pas assez exploités comme l’arrivée d’une soi-disant nouvelle drogue sur le marché qui semble un point important au départ et dont on ne parle pour ainsi dire plus trop par la suite ou encore le personnage interprété par Julie Benz qui aurait mérité un peu plus d’importance et d’épaisseur. Le dernier bémol concerne les méchants de l’histoire qui s’avèrent plus amusants que véritablement effrayants.
 Mais ces quelques petites scories n’entament en rien le point fort du film, j’ai nommé Ray Stevenson, l’interprète de Frank Castle. Car si désormais certains acteurs sont indissociables de leur alter ego cinématographiques (Christopher Reeve sera à jamais le seul et unique Superman de la même façon qu’on ne verrait personne d’autre que Hugh Jackman interpréter Wolverine), Stevenson EST LePunisher. Et cela, sans jamais forcer le trait. Tout en intériorité et en mutisme inquiétant, Ray Stevenson en impose. Monolithique et violent dans les scènes d’action, il parvient à passer à l’émotion la plus poignante quand Castle évoque la mort de ses proches ou s’émeut du destin d’une petite fille qu’il a malencontreusement privé de son père. Et s’il n’est guère bavard, la moindre de ses répliques fait mouche (mention spéciale quand un homme d’église lui dit « Dieu soit avec toi, Frank », Castle réplique « Parfois j’aimerais bien mettre la main sur Dieu »). Une interprétation quatre étoiles et un acteur à suivre (vous l’avez peut-être découvert dans la série Rome sinon je vous le conseillerai également dans Outpost, très bon petit film sorti récemment en Dvd).
 Par rapport aux précédentes adaptations, Punisher War Zone est celle qui s’attache le plus au respect du matériau de base que sont les comics. Et les références sont nombreuses sans jamais donner dans le clin d’œil lourdingue. C’est ainsi que dans des rôles secondaires on retrouve Microchip(Wayne Knight, excellent) l’aide logistique de Castle ou encore l’inspecteur Soap à la tête de laPunisher Task Force, tellement ressemblant qu’on le croirait dessiné par Steve Dillon. Jigsaw est également un élément (et ennemi) récurrent dans l’univers du Punisher et l’on notera pour finir et avec amusement que la scène finale se déroule à l’hôtel Bradstreet, Tim Bradstreet étant le dessinateur attitré des couvertures du Punisher depuis quelques années. Fidélité également en ce qui concerne le passé de Castle ici ancien militaire d’élite. Un flashback court mais éloquent nous montre que même le drame de Central Park durant lequel Frank Castle perd sa famille n’a pas été oublié. Quand au costume, élément de bien souvent des discordes dans les rangs des fans, même s’il n’est pas la réplique exacte des comics, il est parfait tant d’un point de vue esthétique que logique.
 En conclusion, un film que tout amateur du Punisher devrait apprécier sans retenue tant il assimile ce que ses deux prédécesseurs avaient allégrement passé à la trappe.
Il aura donc fallu trois versions (et visions) d’un même personnage pour tomber enfin sur LE film duPunisher. Finalement l’adaptation la plus couillu est le fait d’une femme aux commandes. En plus de livrer une adaptation qui ferait passer les autres pour des productions Disney, Lexi Alexander nous offre un film qui colle au plus près du matériau d’origine. Et la fidélité s’avère payante. En tout cas d’un point de vue artistique car les chiffres sont ici impitoyables et les entrées insuffisantes aux states en plus d’une distribution limitée voire inexistante dans le monde, condamnent le film à ne pas avoir de suite. Dommage, car il le mérite. Reste à espérer que les ventes de Dvd changent un jour la donne. A noter que le Dvd et le Blu-Ray sont disponibles à la vente en Zone 1. N’hésitez pas à vous le procurer toute affaire cessante. Ce ne sera que justice. Pour une fois.

Le Padre

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