Journée internationale contre l'homophobie - Les super héros sont-ils gays ?
Des hommes qui portent des collants moulants, montrent volontiers leur slip et aiment se déguiser tout en exhibant leurs biscotos saillants… Les super héros seraient-ils gays? La comparaison, certes facile, n’est pourtant pas si saugrenue…
La première allusion à une quelconque influence homosexuelle dans les comics apparaît dès 1941. Alors que Batman et Superman tiennent le haut de l’affiche, William Moulton Marston introduit le personnage de Wonder Woman dans le numéro 8 de la revue All Star Comics : une femme sexy, indépendante et capable de mettre une raclée à n’importe quel mâle. Wonder Woman est la princesse d’une tribu d’Amazones qui a quitté son île et rejoint les Etats-Unis afin de représenter son peuple en tant qu’ambassadrice. Equipée d’un lasso magique et de bracelets permettant d’arrêter les balles d’un revolver, Wonder Woman devient la première super-héroïne à occuper le devant de la scène. Rapidement, elle devient la représentante de la cause féminine à travers le monde. Wonder Woman étant la princesse d’un peuple exclusivement composé de femmes qui rejettent la présence des hommes, et aucune relation avec un homme ne lui ayant jamais été prêtée, elle devient par la même occasion une icône lesbienne pour la population homosexuelle. En réalité, si Wonder Woman n’a jamais eu à l’époque de petits amis, cela était surtout dû au fait que les comics étaient alors destinés à une population jeune et qu’il était de bon ton de ne pas associer les super héros à la sexualité. On notera que le phénomène se répètera en 1995 avec Xéna la Guerrière, personnage très proche de Wonder Woman, dont l'actrice Lucy Lawless, pourtant hétérosexuelle, deviendra un symbole pour la communauté gay.
Batman, autre icône incontournable de DC Comics, fut aussi par la suite associé à la communauté homosexuelle. Dès la création du personnage de Robin, Batman abandonne son côté sombre pour participer à des aventures toujours plus folles.
En 1954, le Dr Fredric Wertham souleva la question de la responsabilité des comics dans la perversion de la jeunesse. Batman était ainsi entres autres accusé d’entretenir une relation homosexuelle avec son jeune protégé Robin. Quiconque connaît le comic-book, sait pourtant que le lien qui unit Batman et Robin tient plutôt de la relation que pourrait avoir un père avec son fils. Toujours est-il que de cette vive polémique, naquit le Comic Code Authority, organe de censure du Comics Magazine Association of America. C’est aussi à cette époque que le personnage de Bat-Woman fut imposé afin de gommer toute possibilité d’allusions homosexuelles. La série TV des années 60 et son lot de répliques ambiguës continuent ensuite d’entretenir le mythe de l’homosexualité chez Batman.
Mais la représentation de Batman la plus gay reste sans conteste l’adaptation cinématographique de Joel Schumacher « Batman & Robin » en 1997. Le réalisateur américain qui n’a jamais caché son homosexualité prend alors un malin plaisir à distiller le film de quelques allusions sexuelles : les costumes en cuir ultra-moulants avec tétons apparents, les gros plans qui s’attardent sur les fesses de Batman et Robin… Tout cela assouvissant ainsi malheureusement plus ses propres fantasmes que ne servant réellement les propos du film.
Reste que toutes ces références à l’homosexualité présumée de Batman ne sont en fait que des allusions cachées et pas toujours assumées. Ce n’est que bien des années après la création des personnages cultes de DC que l’homosexualité fera son apparition dans les comics. En 1986, le génial Alan Moore aborde directement le sujet dans « Watchmen : Les Gardiens ». Silhouette est exclue de l’équipe des Minute Men lorsque son homosexualité est révélée. D’autres références lesbiennes sont également présentes au fil des pages. Le film de Zack Snyder n’occulte pas l’homosexualité, loin de là. Dès le générique du film, une super héroïne lesbienne est sauvagement assassinée avec sa maîtresse, les mots « Lesbian Whores » écrits en lettres de sang sur le mur au dessus de leur lit. Durant cette même scène d’ouverture, deux femmes s’embrassent avec fougue au son du « The Times They’re A Changin’ » de Bob Dylan. En 1989, c’est encore Alan Moore, qui dans un passage de « V for Vendetta » raconte comment une jeune fille lesbienne est enlevée et internée par le régime en place.
Mais il faudra attendre 1992 pour qu’un super héros dans une publication régulière révèle son homosexualité. Il s’agit de Vega, l’un des membres de la Division Alpha qui rejoindra par la suite les X-Men. A la télévision, c’est Joss Whedon (futur réalisateur de « The Avengers ») qui créa l’évènement en 1999 en montrant à l’écran, dans "Buffy contre les vampires", une relation lesbienne assumée entre Willow et Tara, deux sorcières jouant un rôle majeur tout au long de la série.
En 2008, Stan Lee, le père des Spider-Man, Hulk et autres Quatre Fantastiques, s’associent avec la chaîne Showtime afin de créer une série TV consacrée à un super héros gay. L’histoire sera basée sur le roman de Perry Moore : « Hero » dans lequel Thom Creed, la star de l’équipe de Basket-ball de son lycée se découvre des super-pouvoirs. Dans le même temps et tandis qu’il essaie d’intégrer une ligue de super justiciers, Thom se rend compte de ses tendances homosexuelles. Le projet fut finalement abandonné par Showtime en avril 2010 mais Stan Lee est bien décidé à continuer l’aventure sur une autre chaîne.
S’il n’a pas été d’emblée considéré, le thème de l’homosexualité a finalement été progressivement intégré dans les comics. Les scénaristes ont su éviter intelligemment les clichés faciles et ont utilisé les problèmes de l’homophobie comme arc de leurs histoires. Le numéro 154 de Green Lantern montre toute l’horreur de l’homophobie lorsque le petit ami du super héros se fait tabasser en sortant d’une boîte de nuit. Cet épisode a d’ailleurs été récompensé par le GLAAD (Association gay & lesbienne contre la diffamation) du meilleur comics de l’année 2001.
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