Comic Culture - Doc Savage, super héro en avance sur son temps (1ère partie).

Si Doc Savage demeure méconnu en France, le personnage n’en est pas moins une icône populaire de la culture américaine qui a influencé la création de nombreux super héros. Saviez-vous seulement que Superman et Batman lui ont ainsi largement emprunté ?

Les origines de Doc Savage...

Créé en 1933 par les éditeurs Henry W. Ralston et John L. Nanovic, Doc Savage fait partie de la génération des « pulp heroes », issus des magazines de fiction imprimés à grand tirage et sur du papier de faible qualité qui inspirent, aujourd’hui encore, les comics.

Le personnage s’inspire lui-même de héros romanesques (comme The Old Detective’s Pupil et The Savage Gentleman, respectivement parus en 1886 et 1932).

Ses aventures ont donc d’abord été publiées sous la forme de romans bon marché aux éditions Street & Smith. Encouragés par le succès rencontré par The Shadow, un autre personnage « pulp » de leur création, Henry W. Ralston et John L. Nanovic en confient l’écriture à Lester Dent (crédité sous le pseudonyme Kenneth Robeson) et à quelques autres auteurs.

Egalement connu comme « L’Homme de bronze » en raison de la couleur de sa peau, Doc Savage est en réalité le docteur Clark Savage, Jr. C’est un explorateur, un scientifique et un justicier. Dès sa naissance, une équipe réunie par son père entraîne intensivement son corps et son esprit, ce qui lui a conféré des capacités quasi surhumaines. Lester Dent décrit le personnage comme un mélange de Sherlock Holmes pour sa capacité de déduction, Tarzan pour son physique exceptionnel, Craig Kennedy pour sa culture scientifique et Abraham Lincoln pour sa droiture. « Il redresse les torts et punit les méchants ».

Si Lester Dent se réfère dans ses écrits au physique et au style vestimentaire de l’acteur Clark Gable, alors idolâtré par des millions de cinéphiles (description que suit également Walter Baumhofer pour illustrer la couverture du premier roman : Doc Savage – The Man Of Bronze, 1933), les couvertures des rééditions publiées chez Bantam Books et illustrées par James Bama dans les années 1960 s’inspirent de l’acteur Steve Holland pour dépeindre Doc Savage comme un homme musclé, à la peau bronzée, blond et coiffé à la brosse (Steve Holland était à cette époque populaire pour son interprétation dans la série télévisée Flash Gordon). C’est cette représentation, plus moderne, qui est passée à la postérité.

Dans sa quête de justice, Doc Savage peut compter sur les compétences du Fabulous Five, composé par le lieutenant colonel Andrew Blodgett « Monk » Mayfair (un chimiste), le brigadier général Theodore Marley « Ham » Brooks (un avocat), le colonel John « Renny » Renwick (un ingénieur), le major Thomas J. « Long Tom » Roberts (un électricien) et William Harper « Johnny » Littlejohn (un archéologue et géologue).

La cousine de Doc Savage, Patricia « Pat » Savage, rejoint l'équipe dans plusieurs aventures. En dépit des efforts de Doc Savage pour la tenir éloignée, celle-ci n’est nullement effrayée par le danger et refuse tout traitement de faveur lié à sa condition féminine.

Comme dans les récits d'aventures fantastiques et de science-fiction (en particulier, ceux de Jules Vernes et Sir Arthur Conan Doyle), les enquêtes de Doc Savage aux quatre coins de la planète le conduisent à découvrir de nombreux « mondes perdus » (The Land Of Terror, 1933 ; The Lost Oasis, 1933 ; Up From Earth's Center, 1949). Il n’hésite pas à employer les moyens les plus modernes, et parfois futuristes pour son époque (notamment des sous-marins, des aéroplanes et l’arme automatique de poing « The Savage Super-machine Pistol »), pour faire échec au crime. Le reste du temps, Doc Savage occupe le dernier étage d’un gratte-ciel de New York (vraisemblablement l’Empire State Building) et n’hésite pas s’isoler dans sa « forteresse de la solitude » basée dans l’Arctique.

En France et en Belgique francophone, exception culturelle oblige, certaines aventures de Doc Savage ont été présentées comme celles de Franck Sauvage dans des publications destinées à la jeunesse (principalement dans Le Journal de Mickey, Robinson et Story).

Trois ouvrages spécifiquement consacrés aux aventures de Franck Sauvage, L’Homme miracle furent même publiés en 1939 par les Editions Collection Aventures (La vallée du passé ; La vapeur du néant ; L’araignée grise). Les couvertures reprennent celles des revues originales parues aux éditions Street & Smith et illustrées par Walter Baumhofer.


En 1991, Philip José Farmer publie Escape From Loki chez Bantam Books, l’un des derniers romans consacrés aux aventures de Doc Savage (seuls sept romans co-signés Lester Dent et Will Murray paraîtront ensuite). Ce choix éditorial n’est pas le fruit du hasard. L’auteur est connu pour avoir écrit plusieurs romans dans lesquels Lord Grandrith - largement inspiré de Lord Greystoke, alias Tarzan - rencontre Doc Caliban, présenté comme son demi-frère (notamment : The Feast Unknown, 1969 ; Lord of the Trees, 1970 ; The Mad Goblin, 1970). Comme l’atteste en particulier la couverture du roman The Mad Goblin, dessinée à partir de la description établie par l’auteur, Doc Caliban est pour sa part purement et simplement calqué sur Doc Savage, Philip José Farmer n’étant à l’époque pas autorisé à l’utiliser dans ses écrits. En 1972 et en 1973, l’auteur a également rédigé deux biographies fictives, respectivement sur Tarzan (Tarzan Alive) et Doc Savage (Doc Savage : His Apocalyptic Life) dans lesquelles il n’hésite pas à établir un lien de parenté entre Tarzan et Doc Savage, comme il l’avait imaginé avec Lord Grandrith et Doc Caliban...


En dehors des 190 romans écrits entre 1933 et 1993, principalement par Lester Dent, le succès populaire de Doc Savage a conduit à de nombreuses autres adaptations. Des feuilletons radiophoniques ont été diffusés (comme ce fut ensuite le cas pour Superman, le Frelon Vert et, en France, Rocambole) en 1934 et 1985. Des comics ont été publiés par les éditions Street & Smith dès 1940. D’abord dans Shadow Comics #1 à #3 (la revue officielle de The Shadow), puis dans Doc Savage Comics (sa propre revue). De nombreux éditeurs parmi lesquels Marvel, DC, Dark Horse et Moonstone ont par la suite publiés les aventures de Doc Savage sous forme de comics. Le personnage a ainsi pu faire équipe au fil du temps avec des justiciers comme The Shadow, The Spirit, La Chose, Spiderman et Batman. Ses aventures ont également fait l’objet d’un film (« Doc Savage - The Man of Bronze » ; en VF : « Doc Savage arrive »), hélas désastreux, produit par Warner Bros. en 1975.

L’engouement populaire pour les aventures de Doc Savage a ainsi influencé l’ensemble des générations qui se sont succédées dans l’industrie des comics. Des auteurs aussi prestigieux que Jerry Siegel et Joe Shuster (Superman), Bob Kane (Batman), Stan Lee (Les Quatre Fantastiques) et, plus récemment, Alan Moore (Watchmen ; Tom Strong) reconnaissent avoir allègrement puisé dans le mythe « pulp » de l’homme de bronze. En ce sens, Doc Savage demeure un précurseur et un modèle pour nombre de super héros.

Superboy

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