Sherlock Holmes - Interview du réalisateur Guy Ritchie

Sur le site du lefigaro.fr, Guy Ritchie s’est exprimé sur son adaptation des aventures de Sherlock Holmes, actuellement en salles. Propos recueillis par le journaliste Olivier Delcroix.


La critique anglaise a été déçue par votre film. Pourquoi à votre avis ?
Je ne le savais pas. Vous me l'apprenez. Vous savez, je fais des films en fonction de ce que je crois. Pas en fonction de ce que veulent les critiques. Cela fait un bout de temps que je suis dans le métier. En tout cas, je sais une chose : le film se porte bien partout, y compris en Grande-Bretagne. Je me doutais que ma vision de Sherlock Holmes ne plairait pas à tout le monde. Tant pis ! Mais, en gros, mon boulot est simple : on me confie dix livres sterling et vous les rends avec les intérêts !

Avez-vous lu Conan Doyle étant jeune ?
En réalité, j'ai découvert les enquêtes de Sherlock Holmes sur cassettes audio quand j'étais petit. Avant même de savoir lire ou écrire.

Avez-vous regardé les premières adaptations avec Basil Rathbone, Peter Cushing ou Jeremy Brett ?
Je n'ai vu aucune des productions originales. Jamais !

Était-ce un défi que d'adapter un tel personnage ?
Non. Le défi était plutôt de réussir à porter à l'écran mon idée personnelle de Sherlock Holmes, ma vision du personnage tel qu'il devait être. C'était pour moi une question de patience. Quand j'ai lu le script de Lionel Wigram, j'ai su que j'avais cette opportunité.

Selon vous, qui est Sherlock Holmes ?
C'est un personnage aux multiples facettes. Un détective génial mais avec un talon d'Achille. Sa capacité à résoudre les énigmes, uniquement grâce à sa prodigieuse intelligence et son sens de la déduction, fonctionne aussi contre lui. C'est un génie avec des failles. En cela, Sherlock Holmes est un des grands pionniers de la littérature policière.

Par rapport aux autres Sherlock Holmes, qu'est-ce qu'a apporté Robert Downey Jr ?
Énormément. Downey Jr est un acteur prodigieux, capable de jouer dans beaucoup de registres. Dans la vie, c'est un type aussi cérébral que l'était Holmes. Quelque part, il est beaucoup plus proche de Sherlock que moi ! Mais Robert avait sa propre vision du personnage et moi j'avais la mienne. Parfois, il a apporté ses propres trouvailles.

Le personnage a pris un sacré coup de jeune. Était-ce voulu d'en faire un être un peu bohème, un peu rock'n'roll, voire punk ?
Je ne suis pas sûr que nous ayons la même définition du mot «punk». (Rires.) Mais il est vrai que Sherlock Holmes a un comportement et un état d'esprit qui frise parfois le No future. On va dire que cet état d'esprit rock'n'roll était un accident désiré. J'aime le côté rebelle de Sherlock Holmes. Quand il se bat, après avoir mentalement mis au point ses stratégies de combat, on se dit qu'il est vraiment cool ! En réalité, j'ai voulu tourner un film pour les spectateurs d'aujourd'hui, tout en restant loyal au personnage et à son créateur, Conan Doyle. Je devais maintenir en permanence un équilibre entre modernité et authenticité. Si le public apprécie le film, je suis sûr qu'on en fera un deuxième.

Avec l'infâme Moriarty, cette fois ?
Je ne peux rien vous dire pour l'instant, désolé...



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