Iron Man 2 - L’interview fleuve de Robert Downey Jr.

Dans une interview recueillie par Olivier Delcroix et parue le mois dernier sur son blog hébergé par le site Le Figaro.fr, Robert Downey revient longuement sur son personnage dans Iron Man 2, mais aussi sur le film lui-même et la franchise Iron Man en général.

Pour retrouver cette interview sur le blog d’Olivier Delcroix :
http://blog.lefigaro.fr/bd/2010/04/a-loccasion-de-la-sortie.html



Iron Man est un chevalier moderne, un super-héros torturé, mais c'est un personnage de BD, plutôt simple, en deux dimensions. Comment avez-vous nourri votre personnage d'émotion, d'humanité, de psychologie ?

Les adultes et les enfants, aujourd'hui, ont tous baigné dans l'univers des dessins animés. Dans le premier nous avons rendu Iron Man un petit peu plus profond, moins sec, mois aride.

Quelle est la différence entre Sherlock Holmes et Tony Starck ?

Je ne crois pas qu'il y ait de véritables similitudes entre ces deux personnages. Disons qu'ils ont des « super-jobs ». Mais ce sont tous deux des intellectuels. Si Sherlock se sauve par la logique, Tony lui, se sauve grâce à sa grande « habileté technologique ».

Avez-vous le même sens de l'humour que Tony Stark, très cynique, très particulier ?

D'abord, je tiens à préciser - pour mémoire - que je ne suis ni aussi cool, ni aussi flambeur que Tony Stark. J'ai l'impression que tout le monde est fatigué de ces films de super-héros basiques filmés au premier degré. Nous avons ajouté avec Jon (ndlr : Jon Favreau, le réalisateur du film) notre propre touche dans Iron Man 2.

Était-ce un grand challenge de tourner la suite après le succès du premier Iron Man ?

C'est drôle, parce que quand j'y repense maintenant, c'est comme si tout avait coulé de source. Mais en réalité, ce fut très très dur. Sur la suite, nous nous sommes dit : tâchons de ne pas faire les erreurs que les mauvaises suites font. Jon et moi avons jeté un regard rétrospectif sur tous les « Sequels » qui ont marché, et nous nous sommes demandé pourquoi. À la fin, nous aurions probablement pu faire un cycle de conférence en école de cinéma à propos de cet épineux problème.

Qu'avez-vous en commun avec Tony Stark ?

Il se considère lui-même comme très chanceux d'être à la place qu'il occupe. Il est presque timidement narcissique à cet égard. Il a tout ce pouvoir, toute cette influence, toute cette richesse. Et il essaie de se débrouiller avec ça. Je crois que la différence entre Tony Stark et moi, c'est que je ne lutte pas en me demandant chaque jour si ce nouveau réacteur dans ma poitrine va exploser ou s'évaporer. Il faut que personne ne connaisse cet horrible combat. J'adore les films où le personnage a un secret qu'il partage uniquement avec le public. Et le public peut voir ces choses nobles que l'ont peut faire, même lorsque l'on croit soi-même qu'on n'y arrivera pas.

Vous avez déclaré que Tony Stark représentait tout ce qui était "déplorable en Amérique" : du Business à tout prix, au besoin maladif de célébrité en passant par le côté va-t-en guerre. Dans ce deuxième film, est-ce que Tony Starck devient meilleur ?

Le premier film évoque l'arrogance militaire et comment Tony Stark, humilié par son emprisonnement en Afghanistan, doit se reconstruire. En somme ce sont des méthodes narratives assez classiques. Dans le 2e film, nous avons pensé qu'il serait intéressant de montrer que Stark veut laisser quelque chose de positif derrière lui : un héritage. Il est toujours affligé par son passé et il ne se sent pas capable de continuer dans une voie positive. On aurait pu ajouter plus de méchants, plus de bagarres, mais s'il y a un mérite à Iron Man 2, c'est que le personnage prend une dimension plus personnelle, individuelle.

Le fait de travailler avec des effets spéciaux affecte-t-il votre jeu ?

Je ne sais pas si je suis encore un acteur. Je vais vous dire comment ça affecte mon état d'esprit. Ça me rend nerveux, ça me rend hargneux. Et ça m'oblige à prendre soin de moi-même, car moi, ce que j'aime, c'est interagir avec les gens. On ne sait jamais ce que les uns et les autres sont sur le point de faire. Les écrans verts et compagnie, je sais que c'est un mal nécessaire, mais je suis un peu une mamie, par rapport à ça.

Comment ça s'est passé avec Mickey Rourke ?

J'ai toujours eu une perception quasi-mystique de Mickey Rourke. Moi qui suis plutôt un acteur extraverti, expressif, j'ai redécouvert un Mickey Rourke concentré, introspectif et très «interne», dans la tradition des Brando, Pacino ou De Niro. Sa technique Actor's Studio nous a valu d'excellentes scènes d'émotion.

Vous avez conseillé à Jon Favreau de prendre Justin Theroux pour le script. Pourquoi lui ?

C'était un film très difficile à écrire correctement. J'aime Justin Theroux. C'est un véritable «homme de la renaissance» (a renaissance man) : acteur, scénariste, réalisateur, artiste, il parle chinois et il a une vraie conscience citoyenne. De mon point de vue très égoïste : j'aime bien être en sa compagnie. Ah et j'oubliais : c'est un très bon scénariste.

Avez-vous suivi un entraînement physique spécial ?

Je ne suis pas très costaud, alors la première fois, j'ai dû manger autant de «muscle building substances», légales et saines, que possible. Etant donné que dans ce volet Tony ne se porte pas particulièrement bien physiquement, je me juste suis un peu entraîné histoire de ne pas être embarrassé dans les scènes où je suis torse nu.

La course à Monaco a-t-elle été tournée sur place ?

Bon, je vais vous dire : j'aurais adoré aller à Monaco. Mais les autorités monégasques ne nous auraient jamais laissé faire ce que nous voulions. Sans vouloir vous vexer, pour vous les Français, qu'est-ce qui est si particulier à Monaco ? Pourquoi personne ne peut tourner là-bas ? Ils nous ont laissé tourner quelques plans de coupe. Et puis, je suis aussi très déçu parce que l'on nous a demandé de faire une projection spéciale d'Iron Man en présence du prince. Et nous allons le faire.

Le prochain Iron Man sera-t-il en 3D ?

Si ça dépendait de moi, je dirais : oui. Je ne sais pas comment vous vous le ressentez, mais moi, je me suis dit d'abord, «Hey ! Redescendons sur terre avec cette histoire de 3D !» Si c'était si génial on aurait été capable de faire ça dans les années 50, non ? Puis j'ai rencontré des gens de Microsoft qui faisaient des expériences. Des gens très brillants. J'ai appris plein de choses. Et maintenant, la seule chose que je me dis c'est «Ils ne pourraient pas faire des lunettes un peu plus confortables ?» J'ai apprécié ce tournage en 2D. Je ne penserais pas à faire reformater le film en 3D. Mais de toute façon, cette décision de m'appartient pas.

Êtes-vous fatigué d'être coincé dans cette boite de conserve jaune et rouge ?

Êtes-vous fatigué de me voir à l'intérieur ?

Non, bien sûr !

Alors non, ça ne me fatigue pas. A la fin de la journée, je deviens une sorte de machine à rendre service. Vous m'avez peut-être vu mettre le casque jouet d'Iron Man confectionné par Hasbro ? (Rires) Mais bon, du moment que les gens m'apprécient dans le rôle de ce chevalier moderne, et ne disent pas «S'il te plaît, arrête, tu es en train de t'humilier», alors je continue !

Pour vous, quel est le challenge de Iron Man ?

Nous ne savons pas vraiment ce qui s'est passé avec le premier film. Jon et moi étions dans une sorte de symbiose créative. Tout cela nous a un peu dépassé. Du coup, pour le deuxième film, le plus dur a consisté à reproduire l'alchimie si particulière du premier. Un peu comme lorsqu'on passe une magnifique journée avec quelqu'un et qu'on se demande si la deuxième, cela va se reproduire... C'était surtout ça le challenge.

À propos de Scarlett Johansson ? Avez-vous été impressionné par sa prestation dans le costume de la Veuve Noire ?

Oui. Il y a deux Scarlett Johansson. Il y a celle qui se montre pour les tests caméra en portant le costume de la veuve noire et où tu te dis «Oh mon Dieu ! Elle follement sexy (insanely hot) !» Et puis il y a cette Scarlett Johansson qui a vraiment une grande intelligence de jeu et qui comprend parfaitement le script et l'histoire. En jouant avec elle, j'ai retrouvé ce qui m'avait plu avec Gwyneth.

Le principal changement dans Iron Man 2 se trouve sur le plastron de l'armure. Le cœur passe du cercle au triangle. Quel est le sens profond de cette transformation ?

Je suis vraiment content que vous ayez remarqué ce détail qui pour moi a beaucoup d'importance. Quand j'ai regardé attentivement le comic book, j'ai réalisé que les dessinateurs de l'armure avaient voulu dire que la part féminine d'Iron Man - symbolisée par le triangle -était plus forte que la part masculine circulaire et nombriliste. Voilà la raison de l'évolution vers la forme du triangle inversé.

Le premier parlait de l'origine. Le second volet se concentre sur l'héritage du père. Quel est l'héritage qu'a laissé votre propre père ?

C'est drôle, mais la question résonne de manière bien étrange. Comme le père de Tony Stark dans le film, mon propre père a travaillé à l'Exposition universelle de 1963. Il est une sorte d'original, non conformiste, un réalisateur underground de premier ordre. Durant des années, j'ai entendu sans arrêt les gens dire : «Tiens, c'est le fils de Bobby Downey !» J'ai le sentiment d'avoir grandi dans son ombre. C'est aussi le cas de Tony au début du film. Mais tout cela va changer au fil de l'intrigue... Mais bon, je ne tiens pas à en dire plus !

Qu'en est-il du projet de film The Avengers ?

Il avance. Nous sommes en train de réfléchir à quand et comment nous le ferons. Je suis plutôt du genre à faire les choses les unes après les autres. C'est un projet ambitieux, très dur à mettre en œuvre.

Connaissez-vous déjà le thème du troisième volet ?

Le futur est assez ouvert. La plus grande Némésis d'Iron Man est le Mandarin. Les choses se passent incroyablement bien avec Marvel. Particulièrement avec Jon Favreau, quand on travaille ensemble, c'est comme si on faisait un film indépendant qui s'attaque au terrain des gros films. Notre principale réussite avec ce deuxième film, c'est qu'on a réuni plein de petites sensibilités créatives dans un gros format. Du moment qu'on garde cet esprit personnel, avec suffisamment d'humour, de cœur, peu importe la direction dans laquelle va Iron Man 3.

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